Associer des plantes compagnes aux betteraves est l’un des leviers testés dans le cadre du Plan National de Recherche et d’Innovation (PNRI). Les premiers résultats sont prometteurs, mais l’itinéraire technique reste à affiner pour limiter la concurrence avec la betterave.
PLUSIEURS MÉCANISMES EN JEU
Au lancement du PNRI, l’ITB a réalisé une étude bibliographique sur les effets de certaines espèces sur les pucerons Myzus persicae, en privilégiant les associations les plus compatibles avec la culture de la betterave, et celles qui sont adaptables et applicables à grande échelle.
Plusieurs espèces sont testées sur les FPE : des graminées comme l’avoine rude et l’orge de printemps, et des légumineuses comme la féverole, la vesce et le fenugrec.
Le mode d’action de ces espèces vis-à-vis des pucerons n’a pas été clairement identifié, mais plusieurs hypothèses sont envisagées. Il pourrait s’agir de mécanismes olfactifs par l’émission de substance odorante répulsive pour les pucerons. Certaines légumineuses sembleraient provoquer cet effet repoussoir. La modification visuelle de la culture hôte (couleur, forme, superficie) de certaines plantes compagnes pourrait également perturber le puceron dans la recherche de son hôte. Certaines espèces de plantes compagnes, les légumineuses notamment, pourraient favoriser les insectes auxiliaires (syrphes, coccinelles, chrysopes, hyménoptères parasitoïdes) dans la parcelle en leur fournissant des proies alternatives et un habitat plus complexe et diversifié que la culture seule. Enfin, certaines espèces pourraient être plus attractives que les betteraves vis-à-vis des pucerons.
CONDUITE DES PLANTES COMPAGNES
Semis d’avoine rude ou d’orge de printemps à 75 grains/m² maximum. Il est réalisé avec un combiné herse + semoir en ligne lors de la dernière préparation du sol avant le semis des betteraves. En sols très argileux, un semis à la volée avec un épandeur Delimbe juste avant la préparation du lit de semences peut permettre de préserver la structure du sol.
Destruction : dès le stade 4 feuilles des betteraves avec un anti-graminées, ne pas dépasser le stade 6 feuilles pour limiter la concurrence.
Protection aphicide : les plantes compagnes sont un complément pour freiner la dynamique des pucerons dans la parcelle. Une protection aphicide reste nécessaire selon les seuils recommandés par la filière.
ENSEIGNEMENTS DES EXPÉRIMENTATIONS DE 2021 et 2022
L'avoine rude et l'orge de printemps ont permis de réduire le nombre de pucerons verts Myzus persicae par betterave dans la moitié des 44 essais.
L’efficacité moyenne est de 35 % de réduction du nombre de pucerons verts aptères sur l’ensemble des comptages réalisés d’avril à juin.
QUEL IMPACT SUR LE RENDEMENT ?
La betterave sucrière est une culture très sensible à la concurrence, si bien que les plantes compagnes peuvent avoir un impact important sur le rendement si leur développement n’est pas maîtrisé ou si elles sont détruites trop tardivement. L’optimisation des itinéraires techniques des plantes compagnes (densités de semis, dates de semis et de destruction) constitue un axe de recherche majeur, pour identifier ceux qui réduisent les populations de pucerons, sans concurrencer les betteraves.